La la la

Traverser le pont.
Relier deux mondes.
Ouvrir les yeux, regarder où il faut. Comme il faut.

Tout est complexe et le pont fragile. Craquelure. Fissure. Le lien tend à se rompre.

Dessous la mer. Si bleue. Tellement bleue. Le ciel aussi. Et les yeux de la lune sont d'ambre pur.
L'oiseau chante encore, le rossignol de l'empereur dans sa cage dorée. La lune veille. Prête à le dévorer. La la la... bémol plaqué au sol.
Îles imaginaires de rêve que l'on se croit capable d'atteindre, que l'on espère toucher du doigt. Des illusions parfaites pour nous tenir hors de l'eau.
Le petit pont de bois.
La mouche s'envole. Zzzzz... la lune l'a dévorée.
La la la... mineur, plaqué au coeur.
La cage dorée. L'oiseau perd ses plumes, perd sa couleur. L'or l'a dévoré avant la lune. On a enfermé son cœur dans une geôle de fer forgé et on voudrait le forcer encore à chanter.
Le pont, ce tout petit pont entre deux eaux s'est effondré, il ne reste plus qu'une corde, un fil de coquelicots tressés. Equilibriste des rêves tremblant au-dessus du vide. Pourtant l'eau est bleu. Tout semble doux dessous. Un rêve n'est pas effrayant. Il faut juste respirer.
Il n'y a pas de héros dans cette histoire. L'oiseau mourra. On ne chante pas sans cœur. On ne danse pas sans ailes. Equilibriste ou pas.
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