En province, Mélanie, une dizaine d'années, fille d'un couple de bouchers, qui joue assidûment du piano, passe le concours d'entrée au conservatoire. Le jour de l'épreuve, tout se passe bien, jusqu'au moment où un geste déplacé de la présidente du jury, pianiste de renom, altère son jeu. Recalée, Mélanie décide d'arrêter le piano. Dix ans plus tard, elle retrouve cette présidente. Hasard ? Stratagème ? Elle va devenir sa tourneuse de partitions. Sans savoir exactement ce que la jeune fille trame, le spectateur est en alerte.
Une vengeance sociale ? Ce soupçon est éclipsé par l'attirance grandissante entre les deux femmes. Rien n'est vraiment dit, mais certains regards et gestes trahissent un sentiment fort. Il y a une première caresse fugitive. Puis, une autre fois, les deux femmes se cachent dans le parc ; le garçon d'Ariane les cherche et, au détour d'une haie, les surprend, main dans la main, comme statufiées. Excepté cette accélération palpitante, la mise en scène est sage et posée, trop peut-être. Denis Dercourt, réalisateur atypique qui a remporté un franc succès l'été dernier avec ce film, s'applique à cultiver un certain mystère, sauf à la fin, pour le coup assez décevante.
Mais il captive avec une précision de métronome, lui qui connaît bien la musique et son ennemie, la fausse note, le charme rompu. On est sensible aux cadrages, aux couleurs et aux détails de ce portrait secret à deux. Déborah François, assez hitchcockienne, et Catherine Frot, qui a rarement été filmée aussi bien - sauf par Pascal Thomas -, sont très belles. Pour filer la métaphore musicale, elles s'accordent à merveille.
Jacques Morice (Télérama)
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